ernesto riveiro

A propos / artist statement, 2009
____________________________

A propos des dessins et de la peinture...

Après une période figurative, j’ai introduit dans ma pratique picturale une rupture avec la surface unitaire du tableau et j’ai choisi de travailler systématiquement en diptyque.
La rupture avec l’unité du tableau, matérialisée par un travail sur différents panneaux, a eu pour objectif de concevoir la peinture en tant qu’un processus sans fin, où aucune finition imposée par les contraintes géométriques du support ne viendra clôturer, morceler ou canaliser, le flux constant de l’inspiration et de l’émotion. Ces conditions de déblocage et de décrispation, m’ont permis d’engager la peinture dans l’expérimentation de sa vocation première qui est le travail dans l’apparaître, dans la visibilité du monde, visibilité créée de l’intérieur, par la genèse même des éléments picturaux et par leur aptitude à générer le phénomène visuel. C’est seulement dans une deuxième étape que je laisse les panneaux se confronter les uns aux autres, que je les assemble lorsque je sens entre eux une attirance, lorsque se dégage un champ émotionnel communautaire.
Une quinzaine d’années de cette pratique du diptyque, m’a permis par la suite de revenir à la surface unitaire et au travail sur papier dans ce même état mental de « non-projet » : de faire de la peinture sans faire de tableaux.
Avec l’âge je remarque que ce qui nous relie à la vie, c’est la matérialité. Et cette liaison se fait à travers la plasticité. Ma création est une création d’ordre plastique, c’est à travers la plasticité que je mets en marche mon esprit, c’est ma façon de relier mon esprit à la vie au monde, c’est ma façon d’être dans le monde.
Je ne suis pas dans la narration, même si dans ma peinture ou mes dessins , il y a souvent, à un moment donné, l’émergence possible de la figure, ou du paysage, ou des choses qui peuvent être reconnaissables comme faisant partie de l’univers visuel identifiable. Mais ce phénomène se produit comme une apparition, et non sur le mode d’actes volontaires. Il faut comprendre que les éléments constitutifs y sont abstraits, c’est-à-dire qu’un visage, un corps, la nature, dans un procédé pictural n’est pas la chose. Arbre n’est pas un arbre, tête n’est pas une tête. C’est la configuration des éléments qui sont en eux-mêmes abstraits et que le spectateur va ensuite organiser dans des ensembles. Avec des tâches, des points, des traits, des lignes, des masses de couleurs, des transparences, des opacités, des translucidités, j’obtiens des configurations qui par le jeu de transposition reçoivent les qualités des objets reconnaissables. Je procède avec quelque chose qui me rapproche de ce qui est pour moi l’origine de l’art pictural.

d'après les entretiens de Ernesto Riveiro avec Marcin Sobieszczanski, Université de Nice Sophia-Antipolis.
in "Les artistes et la perception", Marcin Sobieszczanski, éditions Lharmattan 2002.
et "Les demeures du paraître", édition "le 19", Centre régional d'art contemporain de Montbéliard 2009.




A propos des objets et des sculptures...


"De l'éparpillement d'objets à l'accumulation votive de fétiches.

J'ai vu Riveiro s'entourer des objets et des petits assemblages à caractère votif, depuis quelques années. Sa pratique rigoureuse de la peinture exercée comme une procédure méthodique a dû cesser durant un temps qui correspondait au changement de domicile et finalement à l'abandon du milieu urbain et l'aménagement dans un milieu rural. Ce nouvel établissement nécessitait l'investissement d'un lieu d'habitation et d'un univers d'ancienne exploitation agricole. Les premiers objets, souvent anthropomorphisés et animisés, aidaient cette installation. L'idée d'offrande qu'ils véhiculaient pouvait alors s'expliquer par une sorte de contrepartie cédée aux divinités locales en échange de leur acceptation des transformations opérées dans le gîte et ses dépendances.
La manière d'exécuter ces objets, leur stylistique et les connotations qu'ils entraînaient, s'expliquaient aussi bien par les origines de l'artiste que par ses intérêts et ses expériences de nombreux séjours dans différentes parties du Globe. Par contre, dès le début de cette démarche, on constatait chez Riveiro l'absence de toute folklorisation. Même les réalisations renvoyant directement à l'Amérique Latine et à son pays natal, sont issues d'une prise de distance culturelle ou plutôt d'une mise en perspective anthropologique étayée par la documentation, l'étude et l'effort d'intelligibilité que l'artiste pratique sans relâche. (...) "



ernesto riveiro


A propos / artist statement, 2009
____________________________

A propos des dessins et de la peinture...

Après une période figurative, j’ai introduit dans ma pratique picturale une rupture avec la surface unitaire du tableau et j’ai choisi de travailler systématiquement en diptyque.
La rupture avec l’unité du tableau, matérialisée par un travail sur différents panneaux, a eu pour objectif de concevoir la peinture en tant qu’un processus sans fin, où aucune finition imposée par les contraintes géométriques du support ne viendra clôturer, morceler ou canaliser, le flux constant de l’inspiration et de l’émotion. Ces conditions de déblocage et de décrispation, m’ont permis d’engager la peinture dans l’expérimentation de sa vocation première qui est le travail dans l’apparaître, dans la visibilité du monde, visibilité créée de l’intérieur, par la genèse même des éléments picturaux et par leur aptitude à générer le phénomène visuel. C’est seulement dans une deuxième étape que je laisse les panneaux se confronter les uns aux autres, que je les assemble lorsque je sens entre eux une attirance, lorsque se dégage un champ émotionnel communautaire.
Une quinzaine d’années de cette pratique du diptyque, m’a permis par la suite de revenir à la surface unitaire et au travail sur papier dans ce même état mental de « non-projet » : de faire de la peinture sans faire de tableaux.
Avec l’âge je remarque que ce qui nous relie à la vie, c’est la matérialité. Et cette liaison se fait à travers la plasticité. Ma création est une création d’ordre plastique, c’est à travers la plasticité que je mets en marche mon esprit, c’est ma façon de relier mon esprit à la vie au monde, c’est ma façon d’être dans le monde.
Je ne suis pas dans la narration, même si dans ma peinture ou mes dessins , il y a souvent, à un moment donné, l’émergence possible de la figure, ou du paysage, ou des choses qui peuvent être reconnaissables comme faisant partie de l’univers visuel identifiable. Mais ce phénomène se produit comme une apparition, et non sur le mode d’actes volontaires. Il faut comprendre que les éléments constitutifs y sont abstraits, c’est-à-dire qu’un visage, un corps, la nature, dans un procédé pictural n’est pas la chose. Arbre n’est pas un arbre, tête n’est pas une tête. C’est la configuration des éléments qui sont en eux-mêmes abstraits et que le spectateur va ensuite organiser dans des ensembles. Avec des tâches, des points, des traits, des lignes, des masses de couleurs, des transparences, des opacités, des translucidités, j’obtiens des configurations qui par le jeu de transposition reçoivent les qualités des objets reconnaissables. Je procède avec quelque chose qui me rapproche de ce qui est pour moi l’origine de l’art pictural.

d'après les entretiens de Ernesto Riveiro avec Marcin Sobieszczanski, Université de Nice Sophia-Antipolis.
in "Les artistes et la perception", Marcin Sobieszczanski, éditions Lharmattan 2002.
et "Les demeures du paraître", édition "le 19", Centre régional d'art contemporain de Montbéliard 2009.




A propos des objets et des sculptures...


"De l'éparpillement d'objets à l'accumulation votive de fétiches.

J'ai vu Riveiro s'entourer des objets et des petits assemblages à caractère votif, depuis quelques années. Sa pratique rigoureuse de la peinture exercée comme une procédure méthodique a dû cesser durant un temps qui correspondait au changement de domicile et finalement à l'abandon du milieu urbain et l'aménagement dans un milieu rural. Ce nouvel établissement nécessitait l'investissement d'un lieu d'habitation et d'un univers d'ancienne exploitation agricole. Les premiers objets, souvent anthropomorphisés et animisés, aidaient cette installation. L'idée d'offrande qu'ils véhiculaient pouvait alors s'expliquer par une sorte de contrepartie cédée aux divinités locales en échange de leur acceptation des transformations opérées dans le gîte et ses dépendances.
La manière d'exécuter ces objets, leur stylistique et les connotations qu'ils entraînaient, s'expliquaient aussi bien par les origines de l'artiste que par ses intérêts et ses expériences de nombreux séjours dans différentes parties du Globe. Par contre, dès le début de cette démarche, on constatait chez Riveiro l'absence de toute folklorisation. Même les réalisations renvoyant directement à l'Amérique Latine et à son pays natal, sont issues d'une prise de distance culturelle ou plutôt d'une mise en perspective anthropologique étayée par la documentation, l'étude et l'effort d'intelligibilité que l'artiste pratique sans relâche. (...) "